Bonjour, … ?
J’ai bloqué quelques minutes sur le premier mot que j’allais choisir pour m’adresser à vous, puis finalement quoi de mieux que celui-ci, comme introduction pudique aux réflexions introspectives et différents états d’âme qui vont suivre ?
Définitivement, « Bonjour » avec cette virgule est la bonne alternative : ce n’est pas « Yo », ou « salut », ou encore le pire de tous, « coucou ! » il donne la distance nécessaire pour dévoiler son intimité mais aussi la proximité suffisante pour avoir envie de la découvrir. Bonjour, c’est très bien.
C’est le même bonjour que j’adresse à ma psy, avec qui je parle de préoccupations liées à l’argent, mais qui pourtant exerce à des tarifs que je ne peux pas m’offrir. (J’étais fier de cette blague, mais j’ai vu qu’il y avait sensiblement la même dans la série “bref”).
Ainsi, Bonjour, je m’appelle Noé. Je joue de la trompette (d’où le prélude en titre), c’est mes études pour l’instant, et j’espère que ça deviendra mon métier plus tard. Je viens d’avoir 20 ans. On est le dimanche 25 Mai 2025, j’écris ceci dans un TGV Besançon-Paris, j’ai donc 20 ans, 8 jours et quelques heures. Cela signifie que si on table sur une espérance optimiste (je ne fume pas, mais je mange pas super bien non plus), j’ai vécu un beau quart de ma vie. Et ça m’effraie complètement.
Quand Chems m’a proposé ce blog, j’ai tout de suite pensé que ce serait une bonne idée, un bon divertissement, mais depuis qu’il est lancé, ce site web m’a confronté à une procrastination presque maladive, une phobie d’entreprendre le contingent. Ainsi, j’ai attendu, avant de m’y mettre, et plus le temps passait, plus la honte et la pression liées grandissaient. J’ai mis plusieurs mois avant d’écrire, de la même manière que je n’ai toujours pas commencé cette boîte de Lego que ma mère m’a offert à Noël, tout comme je n’ai pas ouvert les (3 peut-être 4?) livres que ma copine m’a offert aux derniers anniversaires. Revenons-en au fait que je viens d’avoir 20 ans, et rappelez vous de cet état d’attente, mon attitude de spectateur face à la vie. Je le répète, cela m’effraie. Je végète. J’ai vécu un quart de vie et plusieurs questions s’offrent à moi (rassurez-vous, je ne compte pas y répondre dans ce post), mais deux sont primordiales quant à la période que je traverse.
La première, sans doute aussi vertigineuse que la suivante, « Ai-je cessé d’être un enfant ? » quand s’est effectuée la transition, a-t-elle été progressive, abrupte, y-a-t-il un stade transitoire entre l’enfance et l’âge adulte ? Vous avez remarqué : on dit un enfant/l’enfance et un adulte/ l’ … ? Il n’existe pas à ma connaissance de mot pour décrire cette période de la vie où l’on décide consciemment d’arrêter de croire en ses rêves, où l’on ne témoigne plus explicitement d’amour pour grand-chose ni grand monde.
J’aimerais reprendre le raisonnement de Timothée de Fombelle dans « Neverland » où pour retrouver l’enfance il part à la recherche de « noyaux de cerise », qu’il décrit comme des éléments de la vie d’un enfant qu’ils lui font traverser la frontière des deux pays (ou des deux âges), ces souvenirs amers qui nous font grandir et comme il explique également ne sont pas les souvenirs de ceux qui fuient la guerre, où voient leur maison brûler (ces enfants là deviennent adultes le jour de l’évènement traumatisant, et n’ont pas la chance de passer par quelques noyaux de cerise).
J’aimerais à mon tour, pour répondre à ma deuxième question : « Ai-je vécu, et si oui quoi ? » partir à la recherches de moment où j’ai eu le sincère sentiment d’exister, d’être vivant. C’est une manière de me dire qu’il s’est passé quelque chose entre le moment où je suis arrivé et les 20 ans qui se sont passé. Une manière de me rassurer. Ainsi je décide d’aller à la pêche des moments de vie, avec une épuisette de préférence, j’ai l’impression que je n’attraperai rien si je ne le provoquais pas et me contentais d’attendre que ça morde à l’hameçon.
Voilà, à l’initiative de ce blog, je vais dépoussiérer ma mémoire, mettre un coup de chiffons sur mes souvenirs, en espérant pouvoir les ordonner, et les mettre sur une belle étagère, pour m’en rappeler, longtemps. Le plus longtemps possible. Je voulais vous raconter le premier tout de suite, mais c’est déjà une chance si vous avez lu jusqu’ici, je ne veux pas prendre le risque de vous faire décrocher.
Évidemment, je parlerais d’autres choses, d’autres aspects, et ne prétend pas avoir une personnalité suffisamment exaltante pour être un sujet inépuisable de dissertation. Je vous parlerai sûrement de musique, je passe mon temps à faire ça. Je suis navré de le faire avec ce style de mec qui se prend faussement pas au sérieux, je ne garantis absolument pas que ça deviendra plus agréable à lire.
Au plaisir de vous retrouver alors, en espérant que cette idée saura vous captiver !
Ah oui et j’oubliais, promis ce soir je commence ce foutu Lego et je m’endors avec un livre.
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